Je suis née dans une banlieue d'Amakna somme toute banale, d'une famille toute aussi banale. Une famille d'appartenance bontarienne, vivant de peu et pour le bien de sa cité.
"Sa" cité? Cette ville bourgeoise et suffisante imposant ses croyances au monde des Douze? Bonta-la-Magnifique, écrasant et réduisant au silence ceux qui ne pensaient pas selon ses dogmes?
Cette cité ne serait pas la mienne. Je quittais donc ma famille pour une patrie plus proche de mes convictions, répondant à mes besoins de justice. Brakmar-la-rebelle. La cité de ceux qui osaient élever leur voix contre l'oppresseur, le bien-pensant, le trop-parfait esprit Bontarien.
Les brakmariens m'accueillèrent à bras ouverts. Chaleureux, humbles, ils séduisirent mon coeur.
J'y ai fait la rencontre de nombre de mes compagnons, et, plus que tout, de l'homme qui allait partager ma vie.
Après une période harrassante de combats, tous aussi sanglants et douloureux les uns que les autres, nous avons décidé de nous retirer un temps du monde pour méditer sur l'avenir des hommes.
Nous avons fondé une famille, éduquant nos enfants dans le respect de l'autre et de la justice. Notre plus grande fierté fut Narween, notre cadette. Pacifiste comme nous n'avions jamais su l'être, elle refusait la douleur et la haine, et refusa de s'engager, préférant la neutralité et croyant en la bonté de l'Homme.
Mais nous n'avions pas prévu à quel point les horreurs de la guerre pouvaient pervertir le coeur de quiconque. En ce jour sombre, ma Narween a été assassinée par l'un des notres.
Les rebelles de la première heure ont finallement perdu l'âme qui les différenciaient des bontariens.
Aveuglée par la douleur et la colère, j'ai vengé mon enfant. J'ai cherché l'apaisement dans la destruction de ce coeur perverti.
...
Rien n'y fait. Mon enfant n'est plus. Ce combat de titans sera sans fin. Il est inutile, froid, calculateur. Avec ma fille, ma raison n'est plus. Mon coeur s'est éteint.
Il ne me reste que ce savoir-faire impitoyable. Tuer. C'est ce que je fais de mieux.
A moi de trouver une nouvelle raison de me battre.