Il était à peine 21 heures lorsqu’un vieux Pandawa à la moustache fournie passa la porte de la maison des mercenaires de Nedora Riem. Son œil morne et son sa mine triste contrastaient avec sa démarche assurée et l’aplomb avec lequel il se présentait à l’audience. Holab Helbleu n’était pas seulement un fier disciple de Pandawa, il était aussi et avant tout l’artificier en chef engagé par les mercenaires pour illuminer la prochaine remise des lots de leur grande Loterie.
Le rez-de-chaussée de la maison était inhabituellement rempli, on pouvait compter plus d’une vingtaines de têtes, parmi lesquelles bon nombre d’inconnus et d’habitués du coin.
Tous ne s’étaient pas réunis à cette heure tardive par hasard. La plus grande partie devait avoir eu vent de l’annonce qui avait parcouru le Monde des Douze quelques jours plus tôt : Les mercenaires organisaient, ce soir du 15 Juinssidor 643, un grand appel à témoin pour retrouver la trace des voleurs à l’origine du malheur d’Holab Helbleu. Ce dernier s’était en effet fait dérober son précieux stock de poudre d’artifice destiné à honorer la commande des mercenaires quelques jours plus tôt. Soucieux de l’affaire, les mercenaires promettaient de remettre une partie du stock en gage de récompense à quiconque en retrouverait la trace.
Il n’y avait pas une seconde à perdre, Holab expliqua en quelques mots la situation et annonça finalement que son assistant en saurait sûrement plus que lui, mais cela faisait quelques heures qu’il n’avait pas eu de nouvelles :
« Il n’allait pas fort la dernière fois que je l’ai vu, il avait mangé une cochonnerie et cherchait désespérément un endroit dans la cité où assouvir ses besoins naturels. Vu la grimace qu’il faisait, je pense qu’il doit encore y être… »Les plus attentifs et les plus perspicaces de la salle se ruèrent à l’extérieur et prirent le chemin de la taverne, qui présentait le seul lieu d’aisance ouvert au public de la cité.
Les premiers arrivés ne furent pas les derniers à entendre la complainte de l’assistant, quelque peu mal à l’aise, d’Holab Helbleu :
« Vous pourriez frapper avant d’entrer ! C’est très gênant… Les poudres volées ? Oh, je n’ai pas grand-chose à dire vous savez, la seule piste que nous avons est un prétendu témoin, un certain Pigor Brouchnadov, passionné d’horticulture et assistant fleuriste à ces heures perdues. »C’est à partir de ce moment-là que les neurones des aventuriers chauffèrent et que bon nombre de disciples de Iop abandonnèrent l’idée de mettre un jour la main sur les voleurs.
Pigor Brouchnadov n’était pas là, mais Groshka, son jumeau, accueillit les premiers aventuriers et leur indiqua tant bien que mal où trouver son frère :
« Je le remplace à l’échoppe de temps à autres. Il doit encore travailler dans son soi-disant laboratoire… Un genre d’arrière salle un peu trop verte pour être accueillante. »Encore une fois, seuls les plus fins connaisseurs de la cité retrouvèrent la trace de Pigor, terré au fin-fond du dédale de rues d’Astrub :
La chance sourit ensuite aux plus audacieux qui s’aventurèrent dans les souterrains de la ville, qui leur révéla de précieuses informations. Ils savaient désormais que nos voleurs étaient bel et bien des Roublards :
« J’ai vu quelques individus, des Roublards sans aucun doute, qui gloussaient de joie. L’un d’eux, un peu bizarre, a déclaré vouloir fêter ça dignement et en bonne compagnie… Si vous voulez mon avis, il a dû passer une nuit aussi blanche que torride avec une femme et pas n'importe où... »Les habitués de certains petits plaisirs retrouvèrent ensuite facilement la trace de ladite femme, ils touchaient presque au but :
« Je me souviens, c’était un petit barbu masqué ! Il n’a pas voulu enlever son bandeau de toute la nuit, allez savoir pourquoi. Et puis qu’est-ce qu’il était bavard ! Irrécupérable, il n’a pas arrêté de me baragouiner ses soi-disant exploits : « Mes poudres par ci… Ma cachette par là… Blabla mon repaire dans la grotte… ». Vraiment minable ce type ! »Seuls les aventuriers les plus malins eurent le privilège d’arriver jusqu’à la cachette des voleurs. Parmi eux, cinq personnes sortirent du lot : Gin-dry, Femme-Linkey, Innocence, Theprotect et Shinke. Mais aussi peu nombreux qu’ils furent, ils réussirent néanmoins à impressionner le jeune Roublard chargé de garder le stock de poudre :
« D’accord… Prenez tout ! Voici les poudres… Mais par pitié ne dîtes rien à Groshka ! Groshka ? Quoi, non je voulais dire… Non, rien, en tout cas c'est pas lui notre chef ! »La course touchait à sa fin, mais il semblait que le dénouement de cette histoire n’avait pas encore été révélé. Les aventuriers savaient désormais que Groshka Brouchnadov n’y était pas pour rien dans cette affaire de vol. Ils partirent en informer les mercenaires, qui lancèrent un grand appel à tous les aventuriers dispersés dans la ville, leur annonçant que les voleurs avaient été retrouvés.
Quelques minutes plus tard, tout le monde se rejoignit à la grande demeure des mercenaires, emboitant le pas à un drôle de convoi : un grand Sadida aux poils verts meuglait et se débattait, pris en tenaille par deux imposants mercenaires.
Groshka Brouchnadov avait été arrêté et il serait bientôt livré au jugement des hommes au chapeau amarante et au bouclier vert. Il avoua finalement avoir engagé des Roublards pour récupérer cet important stock de poudre d’artifice. Un acte qui n’avait pas pour but de nuire au clan, mais uniquement de servir ses propres intérêts, ou d’après-lui, ceux de l’humanité tout entière. Le botaniste fou essayait en effet de mettre au point des PDM, ou Plantes de Destruction Massive, prétextant qu’elles seraient le seul moyen de riposter à une future fin du monde qui les guettait…
Le pauvre homme fut finalement conduit à la cave sous les yeux de son frère, innocent dans l’histoire, pendant que les heureux enquêteurs se partageaient quelques fées d’artifices promises par les mercenaires. Affaire classée !
Résumé et phow-towgraphié par Senon